dimanche 21 juin 2020

Travailler 2 ans en Suède, on fait le bilan !


Je fais cette semaine mes derniers jours de travail effectif en Suède. L’occasion de tirer un bilan de ces 2 années passées ici.

La réputation du travail en Suède n’est plus à faire. Equilibre vie pro / vie privée, horaires flexibles, télétravail, espaces conviviaux, etc… La carte postale semble idyllique, j’en avais déjà parlé après un an de travail.
Et c’est vrai !

Les horaires sont flexibles, il est facile de travailler de chez soi, les espaces de travail sont bien équipés. Bref, c’est facile. Pour preuve, depuis l’arrivée du Corona virus, nous sommes tous en télétravail et la transition s’est faite facilement.
Mon job consistait aussi à travailler avec des correspondants partout dans le monde, donc pas de gros changement de le faire depuis son canapé ou un bureau.

Alors, une super expérience ?

Pas tant que ça.
Je pars en ayant cette impression que rien n’est franc ici. Les meetings ne servent pas à prendre de vraies décisions ni même à valider un plan d’action. Il faut toujours chercher l’adhésion du groupe, de TOUT le groupe, on se perd en concertations. J’ai eu beaucoup de mal avec le leadership : on ne cherche pas une direction mais un médiateur, l’inclusion (à outrance pour moi). Que c’est lent… Et la gestion de crise n’accélère rien. Même avec une pandémie, on ne remet pas en question ce mode de fonctionnement.
Il ne faut pas mettre les autres mal à l'aise, ni sous pression - ce qui va très vite : le simple fait de rappeler un objectif ou un engagement est une mise sous pression.

Par ailleurs, il existe un plafond de verre : les Suédois ont beaucoup plus de chance de succès que les étrangers. Rien de bien étonnant en soi, mais ça ne colle pas avec le discours officiel. En tant qu’étranger, ils nous font comprendre qu’on ne les comprendra jamais complètement.

J’ai ressenti de l’arrogance et une supériorité ici, mais cachée, insidieuse. Le genre de comportement que j’adore 😒 !
On ne vous le dira jamais directement, mais mon sentiment est qu'ils estiment ne rien avoir à apprendre des étrangers. Si on fait différemment, c’est parce qu’on n’a pas encore compris pourquoi la méthode suédoise était la meilleure. Mais bientôt on va grandir, et comprendre. 
On peut nous dire que "oui, on va faire"... et ne rien faire du tout.

Il existe un mélange particulier entre l’individualisme et le groupe. La Suède peut être singulière en tant que groupe, mais dans le groupe tout le monde doit faire pareil. C'est une mentalité d'insulaire.
Mais chacun protège son intérêt individuel et ne veut pas déranger les autres… pour ne surtout pas être dérangé en retour.

Enfin, il a été très difficile pour moi d’échanger avec les Suédois, sur des sujets variés. Contrairement à la Russie, ils ne sont pas curieux et ne partagent que peu sur leur vie, leurs habitudes, etc… La carapace est dure à percer. Je m’y suis probablement mal pris.

En résumé : 
L’expérience est super intéressante, j’ai énormément appris. Être patient, chercher des compromis, avancer sans que ce qui est dit soit fiable.
Le confort de vie est top. Je n’ai jamais passé autant de temps avec ma famille et pour moi de toute ma carrière. Le retour en France va être violent sur ce point !
Enfin, la culture suédoise est très différente de la culture française et je ne m’y serai jamais vraiment adapté. Certaines attitudes ont heurté mes valeurs (manque de courage, hypocrisie, individualisme). Je pars frustré du manque d’échanges.

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Les fontaines Wallace

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