Camps d'internement, stérilisation forcée, eugénisme... La face cachée de la Suède

En préparant l'article sur le 8 mai et la Suède, je suis tombé de ma chaise.

Les sujets que nous allons évoquer sont graves, sensibles. Je n'ai pas trouvé énormément de sources mais elles sont sérieuses.

Voici le côté obscur de la Suède.

Des camps d'internement :

Durant la seconde guerre mondiale, la Suède a mis en place des camps d'internement à partir de 1940. Une douzaine au total, où étaient internés sans jugement des milliers de personnes. Communistes étrangers, résistants de Norvège, réfugiés juifs, mais aussi Suédois potentiellement fauteurs de troubles. Il n'y a eu a priori aucune torture ou traitement inhumain dans ces camps, mais pas de  jugement ni d'appel possible de l'internement.

Ces camps ont été classés "secret défense" pendant 50 ans, un secret bien couvert par les différents gouvernements qui se sont succédés au pouvoir. Et pour cause : l'un des créateurs de ces camps est Tage Erlander, beaucoup plus connu pour avoir été premier ministre suédois de 1946 à 1969 et le père du "modèle suédois".

Eugénisme :

1922: à Uppsala, création du premier institut au monde de biologie raciale.

Cet institut avait pour objectif d'étudier la population de la Suède d'un point de vue racial. Les Samis furent notamment étudiés et classés dans les races inférieures. Une blessure toujours vive aujourd'hui, alors que les archives sont publiques. 

L'institut définit ce qu'est -selon lui- la pureté de la race Suédoise et fourni des planches de dessins.  Ce sont sur ses recommandations que les politiques évoquées ci-dessous ont été mises en place.

Stérilisation forcée :

A partir de 1935, la Suède vota une série de lois visant à la préservation de "la race nordique". Il s'agit de stériliser de force ceux qui pourraient nuire à la pérennité de la Suède. Une race plus pure et plus saine réduit les coûts sociaux (j'en reviens pas de lire et d'écrire ça) : retard mental, handicap, comportements "déviants", etc...

Les lois n'ont pas de volet purement raciste, mais c'est dans leur application qu'il se manifeste. A partir de 1941, les personnes "asociales" peuvent être stérilisées de force.

Sont ainsi stérilisées entre 800 et 2500 personnes par an, pour les motifs suivants: orphelins, pour avoir fait une demande d'avortement, femmes ayant "trop d'enfants" ou "de mauvaise vie", vagabonds, mais aussi "race vagabonde", "race mixte".

En 1976, ils imposent que la personne soit volontaire. Un chantage s'exerce alors : si vous voulez sortir de l'institution où vous êtes placé(e), vous devez être volontaire. Si vous voulez garder votre dernier enfant et qu'on ne le place pas, vous devez être volontaire.

Jusqu'en 1996, 166.000 personnes (!!) dont 99% de femmes ont ainsi été stérilisées. La loi a alors été abrogée, et en 1997 le parlement ouvrait la voie à une indemnisation des victimes.

Ce n'est qu'en 2013 que la Suède a interdit la stérilisation forcée lors d'une opération de changement de sexe.

Comme l'a dit un journaliste qui a enquêté sur ces différent thèmes: «En Suède, si on réprime quelqu'un de marginalisé, généralement, personne ne proteste.»